Cette interprétation élargie de l’état de nécessité a été une audace judiciaire battue en brèche par les instances suivantes –en appel et en cassation. Le 22septembre dernier, la plus haute juridiction du pays l’a même jugée irrecevable, car «il n’est pas démontré en quoi le vol du portrait du président de la République […] constituerait un acte nécessaire à la sauvegarde des personnes et des biens». En revanche, elle reconnaît qu’au nom de la liberté d’expression il est possible d’entraver la loi. Les défenses pénales s’affinent avec l’expérience: les deux arguments sont désormais plaidés ensemble. L’un pour gagner, l’autre pour faire avancer le débat politique. «La justice reconnaît le danger du changement climatique, mais la grande difficulté est d’établir un lien direct entre la cible de la mobilisation et le danger qu’on démontre, admet Me Baudelin. Il est extrêmement difficile de trouver la source directe d’un problème aussi diffus et globalisé, mais ça ne doit pas nous empêcher d’agir. Il faut désigner les responsables, et l’état de nécessité permet, sous couvert de juridique, de mener un combat politique.»
7 octobre 2021